8 janv. 2013

Carré n°2


Carré n°2. Voilà quelque chose qui parle sans doute à quelques uns d'entre vous. Pour les autres, il s'agit d'un puerh cru de la Maison de Trois Thés, datant de 1979. Ce puerh fait un peu partie de la "légende", en tout cas il a fait parler de lui et a compté parmi "les" thés de la Maison. En ce qui me concerne, ça va être une première.


J'en ai une petite dizaine de grammes, j'en ponctionne un peu moins de la moitié. Ce sera parfait pour mon petit gaiwan de 80ml, et ça me permettra en outre de faire une seconde dégustation :)
Les feuilles sèches, d'une couleur rouille foncée, semble assez petites et fortement compressées. Elles dégagent, une fois humidifiées et réchauffées, un fort beau parfum de terre, de très nobles notes de bois ciré, et un petit quelque chose de frais et vif, ce qui est assez incroyable pour un thé aussi vieux. Il lui reste visiblement de la vigueur !


Les premières infusions sont très denses (finalement 4 grammes c'est beaucoup pour ce genre de thé sur un petit volume...), sucrées, pleines, savoureuses, entières. Ça ne part pas forcément dans tous les sens au niveau des parfums en bouche, mais dans le gaiwan, c'est un vrai régal pour le nez !


Au bout de quelques infusions, on commence à y voir un peu plus clair et la magie opère. Bon, je ne vais pas en faire des tonnes, c'est vraiment très bon : de magnifiques notes de bois vieillis, une verdeur bien sensible, des notes de céréales (malt, whisky ?), de terre, le tout en rondeur presque sucrée et en velours malgré une puissance et une énergie vraiment surprenantes. Un thé assez spectaculaire, de plus extrêmement endurant.


J+1 : j'ai abandonné à la moitié de la dégustation, et j'ai eu droit à une superbe insomnie. Ça faisait longtemps qu'un thé (si c'est bien lui le fautif) ne m'avait pas empêché de dormir de la sorte.
Du coup j'ai poursuivi la dégustation le lendemain après-midi, et ce carré n°2 n'avait rien perdu de sa superbe, sans toutefois non plus m'estomaquer outre mesure. On est selon moi dans le registre des thés "de prestige" pour lesquels il n'y a plus forcément de proportion entre les qualités gustatives et le prix. C'est évidemment un très bon vieux puerh, mais qui est de toute façon introuvable, ou alors à des prix totalement délirants.

6 commentaires:

Mr Pomme a dit…

C'est un petit morceau d'histoire que tu dégustes, merci de le partager.

Au niveau du cha qui tu as ressentit quelques choses?C'est un stockage sec/humide/naturel?

vacuithe a dit…

Ce que j'ai surtout ressenti, c'est que je n'ai pas pu dormir :)
Sinon oui, une belle énergie, y compris sur la fin, c'est d'ailleurs les dernières infusions que j'ai préférées. J'ai du en faire une grosse vingtaine, je n'en revenais pas.
Aucune info sur le stockage, en tout cas pas de traces perceptibles de stockage humide. Si il a été stocké humide, ça doit dater d'un très long moment.

edp a dit…

Je pense que tu as bu une version (c) et non la version (a) au vu de ton descriptif.

Stockage à l'évidence humide parfaitement contrôlé puis bien assagi.

Introuvable en boutique ; cependant d'occasion on peut en trouver à des prix raisonnables, même parfois moins cher (au poids) que certains verts que tu as décris. Le prix au litre sera alors bien moindre. J'ai payé les miens entre 35€ et 140€ (les 100g), et j'en ai revendu un récemment à 50€.

vacuithe a dit…

Étonnant. Ainsi une galette n°10 de 1987 se vendrait d'près ce que j'ai compris aux alentours de 1000€ (presque 3€/g), et un carré de 1979, au plus cher, la moitié ? Il y a une raison ?

edp a dit…

Un première chose, même si moi j'ai une tendresse pour ces carrés, ils sont considérés par les amateurs comme plus "ordinaires" que les galettes.


Ensuite, je te parle de prix "d'occasion" : tu as les amateurs qui revendent au prix d'achat ou moindre (c'est mon cas), et tu as ceux qui font une marge plus ou moins grande. Les deux dernières galettes 10 que j'ai vues en vente via des particuliers étaient en dessous de 600€.

Ensuite une info : si tu achètes un thé entamé, il doit être vendu beaucoup moins cher. Ce qui donne le prix spéculatif d'un thé, c'est aussi son côté entier. J'ai cru comprendre que le thé perd plus de 50% de sa valeur à partir du moment où il est entamé. Donc un amateur qui te vend un carré même à peine entamé ne devrait pas le vendre trop cher ...
C'est donc une bêtise que j'ai faite et que je referai plus : je n'achète plus de thés auprès de vendeurs qui font des grandes spéculations (d'autant plus qu'ils ont un stockage amateur et non professionnel), je n'achète pas non plus un thé entamé au prix du neuf. Par exemple, si je sais qu'un vendeur vend une galette 36 achetée lorsqu'elle valait 75€ et qu'il n'en manque que 3g, je ne mettrais pas plus de 60€.

Les années où j'ai fréquenté plus assidûment la boutique, le carré se vendait environ 40€ et la galette de mémoire moins de 200€, mais à l'époque je n'achetais pas de pu er (j'avais des réserves et m'y intéressait moins).

Après, comment expliquer qu'entre les carrés 2, 3, 4, 5 le plus cher était le 5 alors que c'est le moins bon du point de vue des amateurs ? Le carré 5 est resté quelque temps entre 170 et 175€, en gros de 2008 à 2012, il vient de faire un saut à plus de 200€ (ce qui reste abordable comparé notamment à certains thés que tu as décrit), mais d'autres carrés sont apparus à des prix plus bas ; pas en tête les prix ni les années. Certainement de quoi se faire plaisir à 1,5€ le gramme avec des thés qui accepteront quelques dizaines de passages.


Comment expliquer que le deuxième LJ de PCT soit 30 fois plus cher qu'un (faux) LJ qui a été jugé d'intérêt équivalent à la dégustation à l'aveugle par un "jury" de quatre membres dont un expert en vin (le LJ cher l'a emporté sur le nez mais était ridicule en complexité et en durabilité) ? Ce que j'entends par "expert" c'est un type a qui on a fait goûter 18 vins et qui ne s'est planté qu'une seule fois, et encore non pas sur le domaine mais sur l'année (1983 au lieu de 1987). Là on est dans des rapports de 1 à 30 alors que les membres du jury auraient été prêt à dépenser des sommes équivalentes pour l'un ou l'autre !

Sébastien a dit…

Le prix des produits est clairement relatif à leur disponibilité, et au fait que des collecteurs fassent artificiellement bouger les côtes des thés, quels qu'en soit leur qualité gustatives.
Pour le stockage, la M3T propose surtout (voir quasi exclusivement pour les vieux) du stockage contrôlé (donc humide), ce qui est normal pour Mme Tseng qui est taiwanaise.